Cycle de projections-conférences de films documentaires ou de fictions français et étrangers, d’une durée de trois heures (1h30 de projection et 1h30 de cours-compléments-débats)

Date : jeudi 1er décembre 202213h15/16h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Avoir 20 ans dans les Aurès – Réalisé par René Vautier – 1972

Film historique par son inscription dans l’histoire réelle autant que par sa narration, Avoir 20 ans dans les Aurès, malgré sa récompense à Cannes en 1972, est resté longtemps contesté. Choisir comme thème, dix ans après la fin de la Guerre d’Algérie, l’histoire réelle d’un officier déserteur de l’armée française s’enfuyant avec un prisonnier algérien pour lui éviter une exécution sommaire, contenait il est vrai sa part de provocation. Cinquante années plus tard, soixante après les accords d’Évian, ce film n’est cependant peut-être plus seulement un film sur ce conflit si particulier et douloureux. Il nous parle aussi au présent, comme l’avait sans doute voulu son réalisateur, notamment si l’on pense au contingent russe aujourd’hui engagé en Ukraine. Il nous parle de la guerre tout court et du désastre moral qui peut rattraper et détruire de jeunes appelés.

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Date : jeudi 10 novembre 202213h15/16h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Le Grand Débat (The Great Debaters) – Réalisé par Denzel Washington – 2007

Peu de films, liton dans la critique universitaire anglosaxonne, souvent dithyrambique à son propos, sont aussi inspirants pour les jeunes étudiantes et étudiants (notamment juristes) d’aujourd’hui que ce Great Debaters réalisé en 2007 et en partie joué pour l’un des rôles titres par l’acteur Denzel Washington. Il y a du vrai puisque le film associe avec une certaine réussite émotionnelle, sur la base d’une histoire vraie, la lutte pour légalité et la reconnaissance des droits civiques des africainsaméricains dans les années 1930, l’émancipation par la culture et l’effort personnels, et les concours d’éloquence comme supports pédagogiques dans l’enseignement supérieur. Tout n’est pas exact dans le film, certaines ficelles de scénario sentent fort le savoirfaire d’Hollywood, mais force est de reconnaître que le film touche et fonctionne mieux que beaucoup d’autres en délivrant un message humaniste, optimiste et motivant. A condition, bien entendu, de s’accorder sur l’importance de telles valeurs.

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Date : jeudi 20 octobre 202213h15/16h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Le bouton de nacre – Réalisé par Patricio Guzmán – 2015

Le coup d’État du général Pinochet, le 11 septembre 1973, a bouleversé non seulement le pays d’Amérique du Sud où il a eu lieu mais aussi l’ensemble de la planète. Un président démocratique et charismatique était tué avec la complicité de la première puissance mondiale. Le dictateur et ses complices n’ont jamais été jugés malgré le début d’un processus judiciaire. Le Chili est le plus important producteur de cuivre au monde, l’un des lieux de la planète où s’exprime le pouvoir des plus grandes entreprises extractivistes du globe. Il s’agit aussi d’un État qui s’est développé sur la disparition des premiers peuples qui occupaient son territoire. Le Bouton de Nacre interroge et fait se rencontrer les deux non-mémoires de ces évènements tragiques.

Aujourd’hui, l’un des plus jeunes chefs d’État du monde, Gabriel Boric, 35 ans, gouverne le Chili depuis 2019.

Il est particulièrement difficile de résumer le style documentaire de Patrizio Guzman dans les trois « essais filmiques » qu’il a consacré à la nonmoire du coup d’État de 1973 au Chili. D’une manière très personnelle, souvent à la première personne, il mêle un regard esthétique et poétique sur son pays à une démarche de réflexion sur les sources du processus de négation et d’occultation mémorielles dont bénéficie la dictature, notamment dans les jeunes générations.

Le Bouton de Nacre (2015) est le second film d’une trilogie commencée avec Nostalgie de la Lumière (2010) et achevée avec La Cordillère des Songes (2019). L’océan et la Patagonie, les déserts, la cordillère des Andes sont les éléments naturels qu’il met en résonance avec les évènements politiques et l’identité culturelle de son pays.

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Date : jeudi 06 octobre 202213h15/16h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Les bureaux de Dieu – Réalisé par Claire Simon – 2008

Issu d’un travail d’enquête dans les bureaux de plusieurs centres du Planning Familial (notamment de Grenoble), ce film est une œuvre de fiction (au sens où il comporte des personnages et des actrices et acteurs professionnels), en même temps qu’un documentaire (au sens où les situations et une partie des dialogues sont repris de situations réelles observées). Très réussi et parfois troublant, pour les filles comme pour les garçons, il aborde comme peu d’œuvres récentes ont réussi à le faire les questions entremêlées du corps, de la sexualité, de l’amour et du contrôle de la procréation. Chacune et chacun, et à tout âge, s’y trouve interpellé au travers des questionnements de l’un ou l’autre des personnages. Au moment où la maîtrise de leur propre corps par les femmes reste ou redevient largement contestée, y compris dans les sociétés occidentales, il s’agit d’un film, à nouveau, indispensable.

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Date : jeudi 22 septembre 202213h15/16h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Plogoff, des pierres contre des fusils – Réalisé par Nicole Le Garrec – 1980

Plus qu’un documentaire, Plogoff, des pierres contre des fusils a été un événement dans la France de 1980. Autoproduit et réalisé avec de très petits moyens, distribué et diffusé par une minuscule société bretonne, il affichera en un mois et contre tous les pronostics plus de 80.000 entrées. Film d’auteur et de témoignage plus encore que film militant, il disparaît des projections en 1983 avec la faillite du distributeur. Restauré, il a été redécouvert et célébré à Cannes en 2019. Chronique de quelques semaines de lutte citoyenne contre un projet de centrale nucléaire près de la pointe du Raz, à deux générations de distance, indiscutablement, il parle encore. De quoi exactement ? Chacune et chacun sera sans doute amené à se le demander et à répondre en le visionnant.

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Date : jeudi 9 décembre 2021 – 13h/15h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 2
Gratuit, accessible à tous et toutes

L’An 01 – De Jacques Doillon avec Alain Resnais et Jean Rouch – 1973

A michemin de l’œuvre de fiction poéticocomique (le film est inspiré d’une bande dessinée de Gébé) et du documentaire (il sera réalisé en 197071 avec une  souscription et l’aide des lecteurs de CharlieHebdo au fil d’un tour de France d’où émergent quelquesunes des expériences communautaires de l’époque), L’An 01, malgré un ton léger, fait réfléchir. Il est basé sur une idée provocatrice et loufoque, en apparence : « On arrête tout. Demain sera l’an 01. Pour tout reprendre, recommencer ». Beaucoup des thématiques évoquées (critique du productivisme, du machinisme, retour aux locomotions douces, jardins urbains, préservation de l’environnement, etc.) ont été réalisées ou reprises dans les années récentes. De quoi réfléchir, pour chacune et chacun d’entre nous, à l’heure où l’on s’est amusé à parler, au sortir des confinements récents, d’un « monde d’après »…

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Date : jeudi 25 novembre 2021 – 13h/15h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 2
Gratuit, accessible à tous et toutes

Hacking Justice – De Clara Lopez Rubio et Juan Pancorbo – Avec Julian Assange – 2021

Né en 1971, Julian Assange participe jusqu’au début des années 1990 aux toutes premières opérations de « Hacking » avec les premiers et très jeunes « pirates » informatiques. Il rejoint à la fin de la décennie suivante la philosophie politique des « Cypherpunks », pionniers du cryptage préventif « Vie privée pour les plus faibles, transparence pour les puissants » et c’est sur cette base qu’il fonde l’outil de publication en ligne crypté WikiLeaks pour protéger les lanceurs d’alerte souhaitant rendre public des documents secrets concernant des États, entreprises, dirigeant.e.s agissant de manière illégale et contraire aux valeurs démocratiques.

En juillet 2010 les documents transmis par l’analyste de l’armée américaine Bradley Manning, puis en juin 2013 par celui de la CIA et NSA Edward Snowden amplifieront et justifieront considérablement la portée politique du réseau.

Le présent documentaire, sorti début novembre 2021, présente les enjeux pour la justice et la liberté d’informer de la défense judiciaire de Julian Assange depuis juin 2012, une défense internationale coordonnée par l’ancien magistrat Baltasar Garzon afin d’empêcher son extradition vers les États-Unis.

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Date : jeudi 18 novembre 2021 – 13h/15h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 2
Gratuit, accessible à tous et toutes

Miroir d’une nation. L’École Nationale d’Administration – De Gérald Caillat sur un texte de Pierre Legendre – 2000

« Un style d’emballage du pouvoir », « une foi dans l’administration, de type catholique », « le pays inventeur du mot bureaucratie » : le travail de dévoilement des fondements de l’État français moderne opéré par Pierre Legendre, notamment dans ce documentaire, dépasse l’actualité de la « vraie/fausse disparition » de l’École Nationale d’Administration. « Une société toujours se maquille, d’un discours d’emballage et des images qui la font marcher. A y regarder de près, sans unité géographique ni de peuplement, la France est un arrangement censé tenir debout par la vertu égalitaire, mais qui, si vous soulevez cette croûte, laisse voir d’autres ressorts que celui-là. Dans cette composition, fabriquer des fonctionnaires a joué le rôle – comment dirais-je, d’une vérité transcendantale. Il y a du religieux là-dedans, dans le tréfonds, et pour cause. » On ne saurait mieux dire que ce documentaire dépasse le sujet de la simple réussite personnelle de bons élèves. Ou celui de la nature du Conseil d’État, « l’un des piliers qui fait tenir l’édifice ». Et qu’il nous questionne toutes et tous sur notre relation à l’autorité publique.

Cette séquence propose le visionnage du second documentaire (sorti en 2000) réalisé par Gérald Caillat à partir d’un texte de Pierre Legendre, grand historien du droit, agrégé de droit romain, psychanalyste et fondateur de « l’anthropologie dogmatique ». Elle fait suite à la projection l’année dernière du premier documentaire des deux auteurs, La fabrique de l’homme occidental (1996), film assez saisissant mais sans doute plus déconcertant sur les fondements du droit privé et de l’insertion dans une société : naître aux autres et à soi-même pour les êtres humains ne se limite pas à sortir du corps des mères mais nécessite d’entrer dans le symbolique qu’une société place face à ce qu’elle comprend, craint, ignore, c’est-à-dire aussi l’inconscient et l’indicible.

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Date : jeudi 21 octobre 2021 – 13h/15h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

Gandhi – De Richard Attenborough – 1982

C’est le film d’une vie, dans tous les sens du terme. Porté vingt ans par son réalisateur, multi-primé (8 oscars), il expose le parcours et la philosophie de vie hors normes d’un homme qui a profondément marqué le XXe siècle, né en Inde Mohandas Karamchang Gandhi en 1869, et mort « Mahatma », « Grande âme », assassiné en 1948. Peu de gens ignorent son nom. Mais est-il pour autant connu ? A-t-on idée aujourd’hui de sa réception contrastée autant comme penseur que comme activiste politique, suivant les périodes, suivant les pays ? Connaît-on ses références intellectuelles, son cheminement, de simple avocat formé en Angleterre, puis exerçant en Afrique du Sud, à leader moral de stature universelle et symbole de l’indépendance et de l’unité indienne (son engagement spécifique ne débutant véritablement qu’après l’âge de 40 ans) ? Sans tomber dans l’hagiographie, ni tout examiner en cette séance, ni même voir l’intégralité du film (3 heures), il est impossible de mal employer son temps en découvrant ou redécouvrant cette existence exemplaire.

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Date : jeudi 7 octobre 2021 – 13h/15h30
Lieu : campus de Jacob-Bellecombette – Amphithéâtre 1
Gratuit, accessible à tous et toutes

L’avocat de la terreur – De Barbet Schroeder – 2007

Se penchant, avec sa collaboration sur certains moments de la vie de l’avocat français Jacques Vergès (19242013), César du meilleur documentaire en 2008, ce film n’en est pas un, ou pas seulement. Célèbre pour sa théorisation de la « défense de rupture » dans le cadre des procès politiques des combattants de l’indépendance algérienne au début des années 1960, Jacques Vergès a proposé dès cette époque une lecture à la fois très désillusionnée et très anticoloniale du travail du droit et des avocats. La première partie du documentaire y est consacrée. La seconde partie du  film questionne la suite de ses engagements et les résonances géopolitiques de ses défenses de certaines « personnes détestables », et notamment des responsables d’attentats terroristes en Europe tels que les membres de groupes palestiniens ou le vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez dit Carlos. Sa défense du chef de la Gestapo de Lyon Klaus Barbie, en 1987, n’est évoquée que brièvement à la fin.

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