LEMOINE Caroline

Performance énergétique des habitats et accompagnement des habitants

Thèse de sociologie

Direction :

  • Roland RAYMOND

Année de soutenance : en préparation

Depuis quelques années, les villes moyennes voient un double enjeu émerger dans leurs manières de faire des politiques publiques. Elles doivent, d’un côté, définir et maitriser un certain nombre de données administratives et publiques, de l’autre, favoriser l’émergence et la prise en compte de paroles citoyennes idoines dans la construction des actions publiques qu’elles mènent en matière de concertation. Face à ce double enjeu et aux difficultés que peuvent rencontrer les décideurs et acteurs publics, nous émettons l’hypothèse qu’une parole citoyenne peut être traduite en donnée effective par l’administration, et ainsi revêtir une forme administrable et opérationnelle pour l’action publique. Le défi de cette thèse est de mesurer le passage d’une parole citoyenne en donnée significative pour une collectivité locale, c’est-à-dire, pouvant contribuer au développement de l’action publique.

Dans le cadre de cette thèse, nous proposons une approche sous la forme d’un système d’hypothèses, qui conçoit la mise en donnée de la parole citoyenne à partir de quatre étapes. La première étape est pour nous, le déclencheur préalable à toute mise en donnée de la parole citoyenne. Ainsi, la première logique mesurable est celle de la valeur indicielle de la parole citoyenne. Il s’agit ici, d’une parole citoyenne qui revêt une valeur d’indice quant à ce qui peut relever, ou non, d’une donnée légitime aux yeux de l’administration. Notre approche compte ensuite trois dimensions interdépendantes et consubstantielles au passage d’une parole citoyenne à une donnée pouvant contribuer à une action publique : une dimension éligible et, dans le même temps, de légitimation ; une dimension commensurable et une dimension transversale.

Ce système d’hypothèse va nous permettre de suivre les étapes de vie et de transformation d’une parole citoyenne énoncée au cours de différents processus de concertation. Notre recherche est menée au travers de plusieurs missions distinctes au sein de la Mairie d’Aix-les-Bains, plus précisément du Service Citoyenneté et Concertation de la collectivité. Notre travail empirique se scinde en quatre phases successives. La première consiste au recueil de la parole citoyenne dans les différents organes de concertation mis en place par la Mairie d’Aix-les-Bains. Cette phase a pour objectif de relever l’ensemble des propos auquel un caractère indiciel est affecté. La deuxième phase nous amène à un travail d’analyse autour des dimensions, énoncée plus haut, indiquant les formes de réception du corpus de parole par les services de la mairie. L’avant-dernière phase nous amène à une analyse qui, cette fois-ci, nous permettra de mesurer l’incidence effective de la parole citoyenne mise en donnée dans l’action publique. Une dernière phase d’analyse quantitative sera déployée pour apprécier l’évaluation que les citoyens, ayant participé à des processus de concertation, font eux-mêmes de la prise en compte effective de leur parole dans la réalisation d’actions publiques ciblées.

Notre approche devrait ainsi permettre aux services de la mairie de comprendre comment, et selon quels schèmes d’intelligibilité, des paroles citoyennes émanant de la concertation peuvent être intégrées dans les actions publiques qui sont engagées, et ce de manière opérationnelle.

Mots clefs : schèmes d’intelligibilité, parole citoyenne, donnée, action publique, concertation.

In recent years, medium-sized cities have seen a double challenge emerge in their public policy approaches. On the one hand, they must define and control a certain number of administrative and public data, and on the other hand, they must encourage the emergence and consideration of appropriate citizen’s word in the construction of the public actions they carry out in terms of consultation. Faced with this dual challenge and the difficulties that decision-makers and public players may encounter, we put forward the hypothesis that a citizen’s word can be translated into effective data by the administration, and thus take on an administrable and operational form for public action. The challenge of this thesis is to measure the passage of a citizen’s word into meaningful data for a territorial collectivity, i.e. data that can contribute to the development of public action.

Within the framework of this thesis, we propose an approach in the form of a system of hypotheses, which conceives the transformation of the citizen’s word into data based on four stages. For us, the first stage is the trigger prior to any passage of a citizen’s word to a operational data . Thus, the first measurable logic is that of the index value of the citizen’s word. This is a citizen’s word that has an index value as to what may or may not be legitimate data in the eyes of the administration. Our approach then has three interdependent and consubstantial dimensions to the transition from a citizen’s word to a data item that can contribute to public action: an eligible and, at the same time, legitimising dimension; a commensurable dimension and a transversal dimension.

This system of hypotheses will enable us to follow the stages life and transformation of a citizen’s word expressed during different consultation processes. Our research is carried out through several distinct missions within the Aix-les-Bains Town Hall, more precisely the Service Citoyenneté et Concertation de la collectivité. Our empirical work is divided into four successive phases. The first phase consists of collecting the views of citizens in the various consultation bodies set up by Aix-les-Bains town council. The aim of this phase is to record all the comments to which an index character is assigned. The second phase leads us to an analysis of the dimensions, stated above, indicating the forms of reception of the corpus of speech by the town hall’s services. The penultimate phase brings us to an analysis which, this time, will enable us to measure the effective impact of the citizen’s word in public action. A final phase of quantitative analysis will be carried out to assess the evaluation that citizens, having participated in consultation processes, make of the effective consideration of their voice in the implementation of targeted public actions.

Our approach should thus enable town hall’s departments to understand how, and according to which intelligibility patterns, citizens’ words emanating from the consultation process can be integrated into the public actions that are undertaken, in an operational manner.